Qu’est-ce que l’anorgasmie ?
Les films porno renvoient l’impression que l’orgasme est universel et qu’il est partagé par tout le monde, et notamment par toutes les femmes.
Néanmoins, dans la réalité, certaines personnes n’arrivent simplement pas à jouir : on appelle cela l’anorgasmie, et c’est beaucoup plus commun que ce que l’industrie pornographique ne le laisse croire !
L’anorgasmie se définit comme l’incapacité à atteindre l’orgasme, malgré une stimulation sexuelle suffisante, et est associée à une détresse personnelle. Les derniers mots sont importants : associé à une détresse personnelle.
L’incapacité à atteindre l’orgasme ne peut être qualifiée d’anorgasmie que si elle s’accompagne de sentiments de :
- Frustration ;
- Doute de soi et remise en question ;
- Honte ;
- Colère ;
- …
L’anorgasmie touche principalement les femmes, et c’est d’elles que nous allons parler dans cet article. Les hommes peuvent, bien sûr, être eux aussi touchés par l’anorgasmie ; lorsqu’ils ne parviennent pas à ressentir du plaisir, même durant l’éjaculation, on parle alors d’”éjaculation anhédonique”.
Dans cet article, nous allons donc nous pencher sur l’anorgasmie féminine, pour mieux la comprendre.
Les différents types d’anorgasmie
Il existe un système de classification des diagnostics d’anorgasmie selon qu’il s’agisse d’un trouble permanent ou d’un trouble acquis. Parfois, on parle également d’anorgasmie “situationnelle”…
L’anorgasmie primaire
Le terme d’anorgasmie primaire est utilisé pour décrire le fait de ne jamais avoir eu d’orgasme, ni après un coït, ni après la masturbation.
L’anorgasmie primaire est plus fréquente chez les personnes qui :
- Sont plus jeunes ;
- Ont moins d’expérience sexuelle ;
- Ont grandi dans un environnement sexuellement répressif.
L’anorgasmie secondaire
On parle d’anorgasmie secondaire lorsqu’une personne avait l’habitude de jouir, mais qu’avec le temps, sa réponse orgasmique a disparu.
L’anorgasmie secondaire est plus fréquente chez les personnes qui :
- Ont récemment accouché ou sont ménopausées ;
- Ont subi une chirurgie génitale ;
- Ont subi une agression récente ;
- Ont commencé à prendre un nouveau traitement médicamenteux ;
- Ont subi un important changement de poids ;
- Ont été récemment blessées ;
- …
L’anorgasmie situationnelle
L’anorgasmie situationnelle se produit lorsque vous n’êtes pas en mesure d’atteindre l’orgasme lors de certaines activités sexuelles, comme par exemple durant un cunnilingus.
Néanmoins, ce terme est parfois plus nuisible qu’utile. En effet, ce « diagnostic » donne l’impression qu’il est rare de ne pas pouvoir atteindre l’orgasme lors de certaines pratiques sexuelles, ou certaines positions. Or, ce n’est pas le cas !
Au contraire, il est TRÈS courant de ne pas atteindre l’orgasme lors d’activités sexuelles qui ne procurent pas le type de stimulation nécessaire à l’orgasme. Par exemple, certaines recherches montrent que moins de 19 % des femmes peuvent atteindre l’orgasme par la seule pénétration.
Devrions-nous donc diagnostiquer les 81 % de femmes qui n’y parviennent pas comme étant anorgasmiques de manière situationnelle ? Non !
Quelles sont les causes de l’anorgasmie ?
Des facteurs environnementaux, émotionnels, mentaux, spirituels et physiologiques agissent ensemble sur la réponse sexuelle et l’absence d’orgasme. Voici, pêle-mêle, quelques raisons qui peuvent expliquer cette condition :
- La honte : il s’agit d’un facteur important de dysfonctionnement sexuel, y compris d’anorgasmie. Si vous n’êtes pas fière de votre sexualité, de votre corps, ou encore que vous avez été conditionnée à craindre le sexe, votre corps vous écoutera !
- Un traumatisme : pour quelqu’un qui a connu l’orgasme lors d’un traumatisme sexuel, l’orgasme peut devenir un déclencheur de traumatisme. Alors, si cette personne commence à sentir venir l’orgasme, son corps peut commencer à se refermer.
- Une suractivité ou sous-activité du plancher pelvien : une mauvaise connaissance des muscles du plancher pelvien, ainsi qu’une suractivité ou une sous-activité de ces muscles, peuvent être à l’origine de l’anorgasmie.
- Une dyspareunie : il s’agit d’une douleur ressentie lors des rapports sexuels. Celle-ci peut être causée, par exemple, par une endométriose, des cicatrices vaginales, une vaginite, une maladie inflammatoire ou encore des fibromes utérins. Si vous ressentez de la douleur, il devient logiquement très difficile d’atteindre l’orgasme…
- Une maladie chronique : diabète, hypertension, maladie de Crohn, maladie vasculaire, syndrome de l’intestin irritable ou encore constipation chronique peuvent empêcher l’orgasme.
- La prise de certains médicaments : les antidépresseurs et les anxiolytiques sont bien connus pour leurs effets néfastes sur la réponse orgasmique
Je souffre d’anorgasmie, que faire ? Nos 6 conseils
Peut-on se débarrasser de l’anorgasmie ? Absolument !
Cependant, cela est souvent plus difficile pour les personnes souffrant d’anorgasmie primaire. Pour elles, cela représente une montagne à gravir. Il est tout à fait possible de l’escalader, mais cela peut prendre du temps.
En tout cas, voici nos conseils pour obtenir un plan d’action étape par étape, et réussir à vous sortir de l’anorgasmie.
1 – Consultez un praticien qualifié
Premièrement, consultez un médecin ou un gynécologue-obstétricien. En effet, si un problème médical sous-jacent vous empêche d’avoir des rapports sexuels, la prise en charge de ce problème peut potentiellement vous aider à atteindre l’orgasme.
Vous pouvez également, en parallèle, consulter un sexologue. Ce dernier tiendra compte de vos traumatismes, et sera en mesure de vous aider à trouver et à traiter l’origine de vos problèmes sexuels.
Par ailleurs, il est fréquent que l’anorgasmie entraîne du ressentiment, des sentiments de gêne et une forme d’insuffisance au sein d’une relation de couple. Dans ce cas, une thérapie de couple pratiquée chez un sexologue ou un psychologue pourra vous aider.
2 – Apprenez à connaître votre anatomie
Pour parvenir à surmonter l’anorgasmie, il est essentiel de se familiariser avec sa propre anatomie. Pour cela :
- Regardez-vous dans un miroir
- Masturbez-vous : la masturbation peut vous aider à apprendre quels types de toucher vous procurent du plaisir, que vos parties de plaisir en solo aboutissent ou non à un orgasme
- Achetez un vibromasseur : au contraire du godemichet ou des boules de geisha, il pourra stimuler l’ensemble de la structure clitoridienne, même les parties invisibles. Eh oui, le clito est plus complexe qu’on ne le pense !
3 – Privilégiez le sexe non pénétratif, d’abord
L’un des plus gros mensonges que l’on nous a enseignés est que le sexe est synonyme de pénis à l’intérieur d’un vagin. Il existe en fait tellement d’autres façons d’éprouver du plaisir !
Comme il en est question dans le tantrisme, essayez plutôt de considérer chaque centimètre de votre peau comme une toile à explorer, et chaque sensation comme une sensation digne d’être appréciée.
Cela signifie qu’il faut considérer tous les actes sexuels, y compris les suivants, comme des actes sexuels :
- Massage du dos ou d’autres parties du corps ;
- Caresses intimes ;
- Tribadisme ;
- Stimulation des mamelons ;
- …
4 – Posez-vous les bonnes questions
Pour les personnes souffrant d’anorgasmie secondaire, vous pouvez vous poser les questions suivantes avant même de consulter un spécialiste :
- Que se passe-t-il dans ma vie sexuelle en solo ?
- Mes techniques habituelles de gestion du stress fonctionnent-elles ?
- Quels sont mes sentiments à l’égard des personnes avec lesquelles je fais l’amour en ce moment ?
- Que s’est-il passé entre le moment où je pouvais atteindre l’orgasme et maintenant ?
- Pourquoi est-ce que je m’engage dans une activité sexuelle ? En ai-je envie ?
5 – Cessez de vous concentrer sur l’orgasme
Pour les personnes souffrant d’anorgasmie, le meilleur conseil est de ne plus se focaliser sur l’orgasme.
L’objectif devrait plutôt être le plaisir, sans se mettre la moindre pression. La pression peut, en effet, parfois être un obstacle à l’orgasme.
6 – Élargissez votre compréhension de la sexualité
Ces dernières années, et avec l’avènement du sexe sur Internet, nos définitions du sexe et des rapports sexuels ont changées : certains pensent que le rapport n’est pas terminé tant qu’ils n’ont pas joui. C’est faux !
Mais il y a de nombreuses raisons pour lesquelles le sexe peut s’arrêter : épuisement physique, manque de temps (pensez au quickie !), enfants qui vous surprennent en plein ébat, …
Dans l’autre sens, l’orgasme ne signifie pas nécessairement que le sexe est terminé, pour madame comme pour monsieur !
Que faire si mon partenaire est anorgasmique ?
On vous a probablement appris à croire que l’orgasme est le Graal et la finalité de l’acte sexuel. Comme nous l’avons vu, et comme nous l’apprennent certaines pratiques (le sexe tantrique, par exemple), il n’en est rien !
Alors, que faire si votre partenaire est anorgasmique ? Voici quelques conseils :
- Faites-lui confiance : si votre partenaire vous dit qu’il peut prendre du plaisir et qu’il en prend, même s’il ne jouit pas, croyez-le !
- Abandonnez l’idée que vous allez lui faire atteindre l’orgasme : à nouveau, ne faites pas de l’orgasme un objectif en soi ! Cela aura pour effet de créer une pression pour chacun de vous, et finira par vous rendre insatisfaits de vos rapports
- Ne sous-estimez pas son plaisir : il se peut que votre partenaire n’ait pas d’orgasme, mais cela ne signifie pas qu’il ne mérite pas d’avoir du plaisir, au contraire !
Pour conclure…
Nous espérons que nos conseils vous aideront à venir à bout de votre anorgasmie, si vous êtes touchée.
N’oubliez surtout pas qu’il ne s’agit pas de quelque chose de grave sur le plan de la santé, et que votre situation est partagée par de nombreuses autres personnes, femmes comme hommes, dans notre société.
En étant bien accompagnée et en suivant nos conseils sans vous mettre la moindre pression, vous finirez par y arriver !
Et puis, si jamais vous y arrivez, peut-être vous sentirez-vous libérée, et peut-être qu’une expérience sur un site libertin vous fera envie…